Emile Cohl interviewe ses enseignants de layout et d’animation

Dans la formation Storyboard & Layout ouverte cette année à Angoulême, Dominique Giacomoni et Sébastien Hivert-Mallet sont respectivement chargés des cours de layout et d’animation, deux enseignements dans lesquels ils ne dissocient pas le sens artistique et la maîtrise technique.
Vous enseignez le layout et l’animation à la première promotion d’étudiants formés à Angoulême. Comment abordez-vous vos disciplines ?
Dominique Giacomoni : Mon cours sur le layout a une double approche technique et artistique. Il faut commencer par expliquer que layout, c’est le rez-de-chaussée de l’édifice d’un film d’animation. C’est à ce stade qu’on pose les premiers mouvements de caméra pour les animateurs, les décorateurs et l’équipe du compositing (le montage de toutes les sources d’images). C’est le début de la chaîne de fabrication. Le layout est indispensable à la production et pourtant c’est un métier méconnu en dehors du monde des studios d’animation. Les médias mettent souvent en avant le travail des animateurs, alors qu’il s’agit de deux réalités différentes : les animateurs travaillent sur du temps, tandis que les layout artists travaillent sur du plan, à partir d’une histoire décrite avec des images fixes, en 2D.
Sébastien Hivert-Mallet : J’enseigne, quant à moi, l’animation 2D et le cut-out, qui est un procédé beaucoup appliqué en série d’animation jeunesse.
Précisez ce qu’est le cut-out ?
Sébastien Hivert-Mallet : Imaginez une figurine articulée, en papier, dont les éléments constitutifs (membres et accessoires vestimentaires) sont reliés entre eux par des attaches parisiennes. Vous avez là le principe du cut-out : animer le personnage sans avoir à en redessiner les éléments, parce que ceux-ci ont été réalisés séparément les uns des autres. Comme chef animateur, j’ai beaucoup utilisé le cut-out dans deux séries de Xilam fabriquées à Angoulême : Mr. Magoo (2019) et les Contes de Lupin (2021).
C’est une variante de l’animation 2D traditionnelle, donc ?
Sébastien Hivert-Mallet : En quelque sorte. En règle générale, je préfère parler de l’animation comme d’une discipline « tradigitale » liant les techniques traditionnelles et numériques, dans la mesure où les contraintes originelles ont disparu : la rigueur du dessin sur papier, le clean up (nettoyage) des scènes sur celluloïd, l’assemblage des plans sur plaques de verre… Aujourd’hui, on rough (esquisse) les poses et on nettoie les scènes sur ordinateur. Il faut être bon en dessin et avoir le sens du rythme – c’est ce que j’essaie d’inculquer en cours -, mais les logiciels ont remplacé les procédés artisanaux dans toutes les étapes : storyboard, layout posing (personnages) et background (décors), rough, clean, animation, animation couleur, pré-compositing puis compositing, qui est l’étape finale de fabrication d’un plan cinématographique.
L’intégralité de l’interview est disponible ici.