L’EMCA est partenaire, comme les années précédentes, du colloque organisé par le Laboratoire de Recherche en Audiovisuel / Savoirs, Praxis et Poïétiques en Art (LARA-SEPPIA) de l’Université Toulouse – Jean Jaurès et la NEF Animation avec le soutien de la Région Occitanie, de l’Ecole Publique de Cinéma – ENSAV, donc de l’Ecole des Métiers du Cinéma d’animation (EMCA) et du laboratoire ESTCA de l’Université Paris 8 Vincennes – St Denis. Il s’inscrit dans le cadre des colloques annuels organisés par le comité scientifique de la NEF Animation.

Il se déroule sur trois journées, du mercredi 3 au vendredi 5 avril, à l’Université de Toulouse (Campus du Mirail, Maison de la Recherche) pour les deux premières journées et à l’ENSAV (56 rue du Taur) pour les deux soirées et la journée du vendredi.
L’entrée est libre et gratuite.
Ce colloque, intitulé La Fabrique de l’animation : document(s) avec / sur, a pour objet d’études les documents de fabrique et d’accompagnement du film d’animation : c’est à dire sur les documents impliqués dans le processus créatif , les documents annexes ou complémentaires (comme les textes des artistes eux-même, les entretiens avec les créateurs, les documents de médiation) et enfin les textes critiques, les documents “sur”.
Le colloque sera rythmé par 15 communications universitaires, 5 interventions d’artistes (dont 2 soirées projection-débat autour du travail de Jean-François Laguionie et Michèle Lemieux) et une table-ronde.
Ce colloque porte sur les documents de fabrique et d’accompagnement du film d’animation, les documents avec et les documents sur.
- Les documents avec impliqués dans la fabrique du film d’animation, au niveau de ses instances créatives et de ses lignes de production.
Le processus de création d’un film d’animation entraîne une production abondante de documents, de nature hybride et de formes variées, situés entre le document de travail et l’oeuvre d’art, l’intime et le collectif, l’économique et l’artistique.
Ces documents, carnets, cahiers de recherche, notes de chantier, partitions graphiques et color scripts…, accompagnent et relaient les différentes étapes du processus de création et de production (conception, expérimentation, validation, programmation, travail d’équipe). Ils intègrent ou perturbent les normes de production, en référence aux étapes clefs et aux paramètres du chantier de création : storyboard, layout, animatique, dispositifs techniques, maquette, prototype, décor… Ils répondent à des logiques spécifiques, linéaires, fragmentaires ou disruptives, suivant les poïétiques à l’oeuvre, les dynamiques de l’essai et les rationalités émergentes, les temporalités du chantier et les contraintes de production, les expérimentations plastiques et les paramètres techniques, les expériences d’auteur et les engagements collectifs.
- Les documents annexes ou complémentaires qui les accompagnent et les prolongent. Rentreront dans notre étude les textes ou entretiens des créateurs et des techniciens participant au processus de création du film d’animation. Ces textes, eux aussi hybrides et difficiles à classer, constituent une source précieuse pour les chercheurs et peuvent se rapprocher de textes littéraires. Nous nous interrogerons sur le statut de ces textes qui actuellement se multiplient, sur leur ambiguïté, à la croisée entre genre littéraire et genre médiatique, posant toujours au plus près la question de la création.
Pensons également à la médiation, sous toutes ses formes, de ces documents, de leur présentation à l’occasion de manifestations culturelles et artistiques, festivals et expositions, ou d’ateliers de création-recherche, de l’édition (carnets de création, artbooks, entretiens…) et de la conservation (centre d’archive…). Parfois à cette occasion, les documents de la fabrique prennent leur autonomie et font œuvre.
- Les documents sur : des textes critiques qui prennent valeur de manifestes et qui déplacent la question même de la critique d’un film pour nous éclairer sur les enjeux de la création en animation. On pense à Eisenstein, Robert Benayoun, le Dessin animé après Walt Disney ; Jean Quéval, «Norman McLaren ou le cinéma du XXIe siècle» (Cahiers du cinéma n°6, 1951) ; André Bazin, «Rythme éthique ou la preuve par neuf» (Cahiers du cinéma n°62, 1956) ; André Martin, «Le cinéma des deux mains» (Cahiers du cinéma, n°80, 1958) ainsi que sa fameuse série «Pour qui sont ces Trnka?» ; Pierre Hébert, «Entre la nostalgie du dessin et le désir de la danse» (1996) qui proposent des écrits entre textes critiques et essais.
Les modalités de classification, conservation des archives participent de ce mouvement. Les documents de la création peuvent également devenir réservoir de potentiels pour de nouveaux projets, processus d’insémination ou dissémination, suivant les sillons courbes d’un boustrophédon. Le fond d’archive Disney nourrit la création du studio depuis ses débuts. Il s’agit d’une reprise, au sens où Kierkegaard l’entend dans la mesure où elle ne s’inscrit pas dans une nostalgie sclérosante, mais au contraire projette en avant l’héritage.